Le grand pique-nique

Un jeu de simulation métaphorique pour préparer les jeunes à une rencontre avec la différence.

Pique-niqueVoici un jeu de rôle simple qui implique tous les participants et qui fournit un puissant message sur les comportements associés aux différents statuts des personnes.

Dans le débriefing, l’animateur pourra aisément faire le lien avec les préjugés portés sur la différence qui incitent certains comportements empêchant la rencontre.

Des comportements parfois dictés implicitement par les médias ou par une norme sociétale qui fait obstacle au droit d’être accueilli et d’entrer en relation avec chacun de manière égale.

Déroulement

  1. Munissez-vous d’un jeu de carte traditionnel (en retirant les jokers et les as qui peuvent prêter à confusion) et mélangez soigneusement les cartes. 
  2. Expliquez aux jeunes que chacun viendra, à l’écart, près de vous, afin de recevoir une carte qu’ils ne devront pas regarder. 
  3. Quand chacun a sa carte, demandez de la poser sur leur front (à l’aide d’un élastique que vous aurez donné en même temps que la carte). Le contenu de la carte visible par tous (sauf soi-même).
    NB : insistez sur le fait que personne ne doit regarder sa carte avant la fin de l’activité et que si, accidentellement, une personne voit sa carte, elle devra venir vers vous pour en recevoir une autre. 
  4. Donnez le contexte du jeu et ses consignes.- Vous êtes invités à un pique-nique organisé par votre école afin de célébrer une année particulièrement réussie avant l’arrivée des examens.

    Pendant 6 minutes, vous allez interagir avec autant de personnes que possible.

    – «Traitez» chaque personne que vous rencontrez comme si son «statut» dans l’école correspondait à la carte qu’il porte sur son front (le 2 est la carte la plus basse, le roi est la carte la plus haute).
    Par exemple : un 2 peut travailler au sein de l’école comme agent d’entretien, un roi pourrait être le directeur/la directrice de votre établissement, une dame l’un des sous-directeurs, un 10 le responsable de la discipline.

    – Votre objectif est de donner aux autres, d’une manière détournée à travers vos paroles et vos comportements, des indications sur la carte qu’ils portent, tout en évaluant les indices que les autres vont vous donner sur votre propre carte.

    Vous ne devez jamais faire directement référence à la carte que porte votre interlocuteur, ni à celle que vous portez. 

  5. Lancer le jeu- Démarrez le chronomètre.

    – Encouragez les jeunes à se mélanger. 

  6. Au bout des 6 minutes, arrêtez le jeu et demandez aux jeunes de ne pas encore regarder leur propre carte.Invitez-les alors à former une ligne, en partant du plus faible (le 2) jusqu’au plus fort (le roi), en fonction de ce qu’ils imaginent être leur statut et ce, sans regarder leur carte et sans demander aux autres participants s’ils sont à la bonne place. 
  7. Lorsque la ligne est formée, proposez aux jeunes de regarder leur carte pour voir s’ils ont correctement deviné leur statut. 
  8. Conviez le groupe à s’asseoir en cercle et lancez le débriefing.Voici plusieurs pistes :

    – Demandez d’abord aux jeunes comment ils se sentent à l’issue de cette activité. Si la plupart diront qu’ils se sont bien amusés, quelques-uns exprimeront certainement un sentiment d’inconfort.

    – Attachez-vous aux extrêmes (le 2 et le roi), en les faisant parler sur leurs sentiments et leurs comportements.

    – Faites le lien entre ces comportements et le monde réel en demandant aux jeunes en quoi cette activité donne une image de ce qui peut se passer dans la réalité. Encouragez-les à donner des exemples en rapport avec ce qui se passe dans la société en général, dans leur école, dans leur milieu social ou dans des groupes auxquels ils appartiennent (paroisse, club sportifs, mouvement de jeunesse, ..).

    – Invitez les jeunes à réfléchir sur les signes extérieurs en rapport avec différents statuts, et comment ces signes extérieurs signalent aux autres le statut de la personne. (Montre, bijoux, voitures, tenue vestimentaire, téléphone portable, quartier d’habitation,…)

    – Demandez aux jeunes si les différents paramètres de l’activité avaient été différents, cela aurait pu changer les choses ? Par exemple : si l’activité avait duré 15 minutes au lieu de 6 minutes, si on rejouait l’activité, en mélangeant à nouveau toutes les cartes et en les redistribuant, s’il n’y avait eu qu’un seul roi et de nombreux 2 et 3, si vous aviez rencontré la direction de votre école lors de l’activité et qu’il portait un 2 sur le front,…

    – Et si, au lieu d’une carte à jouer, il y avait eu un carton définissant une caractéristique particulière (je suis handicapé mental, je suis homosexuel, je sors de prison, j’ai une maladie,…). Quels comportements auriez-vous eu si vous étiez rentré en contact avec cette personne ? Qu’aurait-elle pu ressentir de ces différents comportements ?

C’est le temps aussi de faire réfléchir les participants sur un malaise durant le jeu parce qu’ils auraient voulu traiter chacun d’une manière égale mais que la règle du jeu les en empêchait. D’une part, en s’interrogeant sur le fait d’avoir persisté malgré ce sentiment. D’autre part, d’approfondir leurs éventuels réponses (c’est ce qu’on a dit qu’on devait faire, c’était la règle imposée,…) en les encourageant à réfléchir à des comportements dans la vie réelle qui les mettent mal à l’aise mais qu’ils acceptent cependant, uniquement sous la pression extérieure ou en se référant à des règles qui n’en sont pas vraiment.