Peut-on toucher à ce qui est sacré ?

title=Une animation pour partager autour de cette question.

Objectifs principaux des 2 différentes phases d’animation :

  • Donner du, des sens au mot «sacré»
  • Identifier des cadres (religieux essentiellement) dans lesquels cet adjectif est employé, et des premières approches de définitions que l’on pourrait alors lui donner ;
  • Problématiser ces définitions pour se positionner par rapport à la relativité de la valeur, la relation «au toucher» que chacun peut entretenir au sacré, le « sacré » des autres ;
  • Construire progressivement une définition plus riche du mot « sacré » pour problématiser le rapport de chacun et d’une société au sacré.

PHASE 1 : MISE EN RELATION AVEC LA DIVERSITÉ DU QUOTIDIEN

1. Expression autour de l’affiche
Sans dévoiler la thématique et la question de départ, l’animateur invite les jeunes   à observer   et à partager :

  • une expression simple (constats)
    Qu’est-ce qui est représenté sur l’affiche ? Comment est ce personnage ? Qu’est-ce qui est représenté sur les panneaux ? Qu’est-ce qui attire le plus notre attention sur l’image ? Que voyez-vous sur le piédestal ? …
  • une expression plus complexe (avis, hypothèses)
    À votre avis, si ces panneaux existaient, qu’est-ce qu’ils voudraient dire ? D’après vous,   quel est le rapport entre ce qui brille, les panneaux, et ce personnage ? …

2. Découverte de la thématique et de la question
Afin de créer une dynamique entre le questionnement sur l’affiche et la           compréhension de la question qui sera posée, l’animateur convie les jeunes à émettre des hypothèses afin de trouver la question qui va être évoquée.Pourquoi pensez-vous que l’on a représenté quelque chose qui brille, derrière ces panneaux ? Qu’est-ce que cela peut signifier, d’après vous ? À votre avis, d’après notre description, de quoi va-t-il être question aujourd’hui ?

3. Examen du sens courant de la question
Après avoir découvert la thématique et la question de référence, l’animateur lance   quelques questions afin d’examiner son lien avec le dessin de l’affiche et la vie        courante.Comment peut-on expliquer cette question par rapport à ce qui nous est montré sur cette affiche : panneaux, lumière, personne, etc. ? Y a-t-il une chose dont on vous a dit qu’elle était «sacrée» ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? D’autres personnes du groupe sont-elles entendu la même réflexion sur le sacré de cette chose et une signification identiques ou autre ? D’autres, au contraire, ont-ils entendu que cette chose ne l’était pas, sacrée ?

4. Questionnement sur le «sacré»
L’animateur propose aux jeunes de regrouper les exemples de sacré qui viennent    d’être évoqués et ce par «catégories » (Personnes, idées, paroles, lieux, bâtiments)      tout en les notant sur un tableau.Au vu de ce qui vient d’être inscrit, l’animateur invite les jeunes à s’exprimer sur        ce que veut dire le mot «sacré».

5. Questionnement sur «toucher ce qui est sacré»
Tout en s’appuyant de nouveau sur l’exemple du tableau, l’animateur propose aux   jeunes de partager (en grand groupe ou en plus petits avec retour en grand   groupe) leur réflexion par rapport à quelques-unes des interrogations ci-dessous :Par rapport à chacun de ces exemples, qu’est-ce que cela peut vouloir dire que l’on « touche à ce qui est sacré» ? Quelles sont toutes les façons de «toucher le sacré» que vous connaissez dans votre vie de tous les jours ? Quelle liste peut être dressée définissant tous les sens que prendrait alors le mot «toucher» dans ce cas, que l’on soit d’accord ou pas avec le fait de le faire ? (exemples : parler de, penser, critiquer par la parole, critiquer par l’écrit, discuter, croire autre chose, étudier et examiner par la science (critique historique), dessiner, représenter, écrire de la fiction, faire des blagues, caricaturer)

Quels sont, parmi ces différents sens du toucher évoqués, ceux qui pourraientt permettre de réfléchir à ce qui est sacré ? Si ce qui est sacré est parfois différent d’une personne à une autre : qui dit ou décide que quelque chose est sacré ?  Y a-t-il des choses sacrées pour tout le monde ? Quand on ne trouve pas qu’une chose est vraiment sacrée, que peut-on faire ? Que feriez-vous si quelqu’un « touchait » à ce que vous trouvez sacré ? Est-on soi-même « touché » ? Comment cela se manifeste-t-il ? Quel genre de réaction a-t-on envie d’avoir ? Quel genre de réaction peut-on avoir ? Quelles valeurs sont en jeu dans ce que nous considérons comme sacré (la vie humaine, la liberté, la communauté, le vivre-ensemble, la diversité, l’autonomie, l’individu, une représentation du monde…) ?

PHASE 2 : DE LA DIVERSITÉ DU QUOTIDIEN À LA RÉFLEXION DE FOND

1. Examiner le problème de fond et clarifier des concepts
L’animateur propose d’examiner de nouveau l’affiche.Voyez-vous un problème dans ce que fait le personnage ? Quel serait le problème ? Où se situe-t-il ? Dans les causes de son action (l’intention, l’éducation reçue…) ou dans les conséquences ? (destruction, détérioration, modifications réversibles ou irréversibles…) ? Quelles seraient les causes possibles de son acte ? Et les conséquences ?
Qu’est-ce qui pousse certaines personnes à toucher au sacré ? De quoi dépend la gravité des conséquences ? (du vécu personnel ? de la perception collective ? des pertes ou dégâts occasionnés ? de la menace ou du danger engendrés ?) Les conséquences sont-elles les mêmes pour tout le monde ? Pourquoi certains ne subissent ou ne supportent pas de la même manière que d’autres le fait qu’on touche à leur sacré ? Voyez-vous une différence de nature ou une différence de degré dans les différentes manières de «toucher» au sacré ? Comment le toucher peut-il varier en intensité (comment passe-t-on d’un toucher délicat, à un toucher fort, à un toucher violent) ? Se pourrait-il qu’un même type de toucher (par exemple une blague sur une communauté) soit senti comme délicat ou fort dans un contexte et violent dans un autre ? Le contexte est-il important ? L’intention est-elle importante ? Est-ce que cela change quelque chose pour le sacré, si l’on y touche quelle que soit la façon de le faire ? Qu’est-ce qui peut être considéré comme sacré ? Une idée (la démocratie, la liberté), une religion ? Les représentations de cette religion (œuvre d’art, livre, dessin), un symbole (drapeau), une coutume (fête) ? Par quoi ce sacré serait-il le plus «touché», selon vous ? les critiques, la réflexion (historique, philosophiques, argumentative)? Est-il «touché» par l’humour, la plaisanterie, la contradiction ? Est-il possible de comprendre notre question avec des sens différents ? Est-il possible à la fois de «pouvoir toucher à ce qui est sacré», et de ne pas pouvoir ? Quand on peut toucher (= physiquement), qu’est-ce qui nous retient parfois de le faire vraiment ? Si on peut et ne peut pas, en même temps, toucher à ce qui est sacré, que doit-on faire ? En fonction de quoi, devrait-on décider de «toucher» ou de «laisser toucher» ?

2. Synthèses individuelles et collectives

  • L’animateur propose de créer individuellement son échelle de valeurs sacrées en les hiérarchisant via la réalisation d’un tableau, d’une grille d’analyse de ces valeurs à l’aide des concepts utilisés dans la discussion : nature du toucher/intensité/contextes d’apparition/possibilité ou impossibilité (morale) de ce toucher/moyens de défense ou de réactions acceptables ou inacceptables face à ce toucher.Ci-dessous, un tableau qui pourrait être réalisé:
    Peut-on
  • L’animateur invite chacun à présenter son tableau puis le groupe à comparer ceux-ci.Y a-t-il des valeurs sacrées qui reviennent chez chacun ? Certaines valeurs permettent-elles à toutes les autres d’exister ? Y a-t-il des valeurs sacrées qui sont opposées, inconciliables ? Y en a-t-il qui ne peuvent fonctionner dans une démocratie ? La démocratie est-elle sacrée ? Y aurait-il de bonnes raisons de la remettre en question ? Lesquelles ? Quelles valeurs ces raisons mettraient-elles en avant ?

Extrait du dossier pédagogique de Phileas et Autobule