Les objets dans les animations, prières ou célébrations.

Comment peuvent-il devenir un support pour introduire, donner du sens ou relier ?

Introduire à la prière, c’est un peu comme présenter l’un à l’autre deux êtres qui peut-être vont s’apprécier.

On ne peut pas les obliger à se parler, mais on peut leur proposer de s’asseoir sur un banc ou au café du coin …

L’objet, c’est en quelque sorte le lieu de rencontre, où on passe d’un «parler de Dieu» à un «parler à Dieu» et à un «écouter parler Dieu».

Réinvestir les objets quotidiens pour introduire à un autre regard

L’objet sert à créer un événement, à introduire à « autre chose ».

Proposons par exemple des morceaux de sucre accompagnés de la phrase de Coluche :

 » Dieu, c’est comme un morceau de sucre dans le lait chaud : il est partout et on ne le voit pas, et plus on cherche, et moins on le trouve. », et voilà qu’autour d’une tasse de café, quelques échanges se font autour du sujet.

L’objet morceau de sucre, parce qu’il est accompagné d’une parole, invite les gens à le regarder autrement, ainsi que la réalité « dieu » qu’il désigne.

Il offre un support qui permet, à partir de la réalité quotidienne, d’aborder une réalité autre, peut être difficile à exprimer.

En devenant support de sentiments, de questions, de réflexions, il rend possible le dialogue.

Evidemment, la plupart des personnes s’arrêteront peut-être à la  » justesse  » de la formule : « quelle belle idée, c’est tout à fait ça ».

Cependant l’une ou l’autre réflexion-méditation peuvent aussi pointer, sur la présence / absence de Dieu dissous dans le monde, mêlé au café de la vie de chacun, sur la saveur qu’il donne.

Par la suite, certain(s) peuvent opérer des rapprochements avec différentes phrases de l’Evangile ou de la liturgie, du type « vous êtes le sel de la terre« , « comme cette eau se mêle au vin … », et en faire la base d’une prière individuelle ou collective.

Des objets pour donner du sens

… Ou en tout cas provoquer la recherche de sens, se laisser bousculer par eux.

Un exemple : le sapin, objet on ne peut plus banal au moment de Noël, qu’on suspend la tête en bas, les racines vers le ciel, parce que quand Jésus vient, c’est renversant, et le monde est à l’envers.

Les grands sont petits, le Seigneur est serviteur, les exclus sont à l’honneur, la stérile enfante, le boiteux marche, l’aveugle voit, …

Alors, pourquoi ne pas prier de façon renversante en se tenant les pieds en l’air (les danseurs de Hip-Hop auraient beaucoup à nous apprendre) … et faire une prière qui invite à agir.

Des objets qui nous relient

Les objets nous aident à nous relier ensemble aux hommes d’aujourd’hui, autour de rêves, de représentations, d’idéaux plus ou moins nommés, mais aussi aux autres hommes, ceux d’ailleurs et ceux du passé, et bien sûr, dans notre cas, à Dieu.

L’exemple de la pince à linge pense-bête est à cet égard très parlant.

Elle peut par exemple nous inviter à la garder en poche comme aide-mémoire pour :

  • Penser à nous serrer la pince, à nous dire bonjour,
  • Faire attention à celui qui passe près de nous ; penser en souriant à tous ceux qui en pincent pour nous (et ils sont plus nombreux qu’on ne croit !), à tous ceux qui nous ont pincés et pour qui on en pince,
  • Nous rappeler que Pâques, l’Ascension ou la Pentecôte, c’est une manière de signifier que Dieu en pince pour nous à la vie, à la mort.

En accrochant ces pinces les unes aux autres (se serrer les pinces) pour créer une sculpture, cela peut nous inciter à nous rappeler que nous construisons quelque chose ensemble, que nous formons un ensemble, et que nous dépendons les uns des autres, que nous nous soutenons les uns les autres.

Cela peut aussi être une sculpture / prière pour penser à Dieu de temps en temps, à lui serrer la pince, et peut-être à nous laisser pincer par lui, à nous laisser accrocher et secouer joyeusement aux grands vents de sa présence.

La bougie elle aussi remplit bien cet office de « reliance » et peut être utilisée de diverses manières.

  • La bougie qui circule de main en main avec une parole, une prière,
  • Une grande bougie rappelant la Lumière du monde,
  • 4 séries de petites bougies représentant les participants, les absents, l’entourage (famille, amis, …) et l’Eglise.

Son emplacement (sur une table, par terre, près d’une Bible, parmi des fleurs, …), son déplacement (inviter à aller chercher les bougies en faisant attention à la manière de s’avancer, de marcher, de porter, de déposer ou de transmettre la lumière), l’acte d’allumer, la forme créer par plusieurs bougies (les faire serpenter de l’une à l’autre), les transporter dans un photophore, peuvent orienter vers diverses significations.

Les Conditions pour qu’un objet donne vie et devienne tremplin pour une prière.

L’objet et la parole qui accompagnent la prière ne peuvent avoir de résonance qu’à 3 conditions.

  1. D’abord, il faut qu’il y ait surprise, et cela est du ressort de l’animateur : il peut trouver un objet nouveau ou amener les participants à ad-mirer (regarder vers), respecter (regarder favorablement) un objet banal qu’il aura mis en valeur en l’insérant dans un contexte inhabituel (beauté du décor, geste particulier, circonstance spéciale, …) pour qu’il prenne consistance et puisse être reçu, être habité.
  2. Il faut aussi des personnes qui acceptent de ne pas en rester à une approche purement plate et matérielle, qui acceptent de reconnaître (contempler) l’invisible au cœur de ce qu’ils voient. Pour eux, l’objet, enrichi de significations diverses, devient alors symbole, médiateur pour penser le rapport au monde, à Dieu, à l’idéal, au bien et au mal.
  3. Enfin, pour qu’il puisse y avoir prière, il faut des personnes qui ne se contentent pas de penser, mais qui acceptent de transposer cette approche dans leur attitude (gestes, silence, … ) et dans un espace et un temps aménagés autrement : lieu, moment, objets, paroles, gestes, attitudes, déplacements constituant un ensemble cohérent et signifiant pour établir une relation, rejoindre Dieu.

(d’après les propos Mireille Schimdt)