Formation sur l’accompagnement

Ce samedi 7 mars 2020, nous avons eu la joie de pouvoir nous rencontrer avec Jean-Marie Peticlerc. Non seulement la joie, mais aussi la chance en cette période de Coronavirus.

Accompagner aujourd’hui

Le salésien va vers les jeunes par les différents champs que sont la famille, l’école, et la cité. Aujourd’hui, dans cette période inédite, c’est sans doute par le biais du numérique que nous pouvons les rejoindre. Il y a là une chance à saisir, car nos institutions sont à l’arrêt. Puisqu’elles ne font plus autorité auprès des jeunes, nous pouvons nous saisir de cette occasion pour nourrir la qualité de nos relations, prendre soin des jeunes. De plus, nous n’avons temporairement plus de lieu où les « faire venir », nous pouvons nous tourner entièrement vers l’importance de « les rejoindre ».

L’enjeu est de nouer le même type de relation avec les jeunes qu’avec le Christ. Une relation basée sur « croire, espérer, aimer ». En effet, si l’on ne peut transmettre l’amour qu’en aimant, on ne peut transmettre la foi qu’en croyant. Il s’agit aussi de croire dans les jeunes, sans les enfermer dans leurs comportements. Ne pas juger. Nous sommes également appelés à devenir crédibles, ne pas nous baser sur un éventuel pouvoir qui nous serait donné, mais sur une autorité qui se construit, sur une cohérence. La cohérence prend racine dans l’humilité. Celle de reconnaitre que nous ne sommes pas parfaits. Par rapport à notre posture d’espérance, Jean-Marie Petitclerc nous montre l’impasse de penser qu’« hier c’était  bien, aujourd’hui c’est difficile, demain c’est la cata ». Nous ne serons témoins d’un Dieu qui espère qu’en espérant nous-mêmes dans les jeunes. Enfin : aimer. Sans doute le plus compliqué puisqu’il faut jongler entre agape et philia, conjuguer amour et loi, se positionner entre distance et proximité, maintenir unité et différence.

À partir d’une relecture des disciples d’Emmaüs, Jean-Marie Petitclerc nous retrace les étapes de l’accompagnent. La première chose est de cheminer avec même si cela semble être la mauvaise voie. Ensuite, l’important est d’entendre le vécu de l’autre, son interprétation plus que l’objectivité d’une situation. L’accompagnateur prend alors le temps d’une relecture historique (≠spirituelle). L’accompagné peut alors devenir acteur et l’accompagnateur se retirer sans donner ses solutions. La bonne décision ne peut être prise que par la personne elle même. En bref : savoir rejoindre, prendre la route, faire parler, interpréter, laisser décider.

Choisir la fraternité

Nous avons expérimenté ensemble des prises de décision. Nous avons placé comme objectif de ces choix l’autonomisation du groupe ou des jeunes. Mais lors de notre poker, il n’était pourtant pas question de déléguer systématiquement. Il y a une progression à respecter. La première étape est de dépasser le rôle que l’on croit devoir jouer. L’accompagnent nécessite aussi des connaissances, pas pour prendre la place d’un accompagnement spirituel et d’un suivi psychologique, mais justement pour placer ses propres limites. Ce que Jean-Marie Petitclerc nous propose principalement est la relecture historique : relire l’histoire du sujet conscient notamment par le jeu. Il ne s’agit pas de trouver une solution, quel que soit le type d’accompagnement, cela appartient à chacun. Prendre des décisions à la place de quelqu’un conduit à l’abus. Notre rôle d’accompagnateur fraternel serait d’ailleurs davantage de questionner, d’être bienveillant et d’autonomiser. Enfin la meilleure prévention de l’emprise est le travail d’équipe.

Anecdotes bibliques

  • Imaginez Jésus à 12ans, faisant croire à Marie qu’il est avec Joseph et inversement. Le deuil que Marie et Joseph doivent faire c’est celui de leur projet pour Jésus pour qu’il puisse naitre à son propre projet.
  • Jésus demande à Pierre s’il l’aime avec le verbe «agape», mais Pierre par deux fois répond qu’il l’aime avec «philo», d’amitié, sans cette nuance de fidélité. À la troisième reprise, Jésus se met au niveau de Pierre et lui demande s’il l’aime avec «philo», sans plus exiger de lui cet amour d’offrande.
  • L’autre disciple sur le chemin d’Emmaüs serait selon toute vraisemblance la femme de Cléophas puisqu’ils étaient ensemble au pied de la croix. Quoi qu’il en soit, nous sommes invités à nous mettre à la place du disciple dont on ne dit pas le nom.
  • Le texte de la traversée de la mer rouge ferait apparaitre deux versions des faits en parallèle : une relecture historique et une relecture spirituelle des évènements.