Echos des retraites scolaires 2021

Au cœur de cette crise sanitaire, plusieurs écoles ont pris soin de créer des espaces dédiés au bien-être des jeunes qui leur étaient confiés. En effet, nombreux ont été les échos du mal-être vécu par bon nombre d’entre eux : découragement, perte de repère, dépression, stress et angoisse, impossibilité d’envisager des perspectives d’avenir…

En tant que pastorale des jeunes, nous avons été sollicités par deux établissements pour mettre en place des journées dont l’intention était de prendre soin, d’offrir un moment de légèreté et de profondeur à ces élèves particulièrement éprouvés par la situation.

Voici quelques échos de ces rencontres :

Jeanne (animatrice en pastorale à la maison diocésaine de Bonne-Espérance)

Les derniers mois furent remplis de doutes, de questionnements, de situations anxiogènes. Notre désir était de rencontrer les jeunes pour pouvoir leur permettre de souffler, de s’exprimer sur cette situation particulière. Nous avons donc vécu plusieurs journées avec les élèves de 3e secondaire du collège de Bonne-Espérance. Ce fut un moment simple où nous avons goûté à la joie d’être ensemble et de partager notre vécu, nos peurs, nos joies. Nous avons senti une profondeur nouvelle de la part des élèves. Peut-être la crise du Covid-19 nous aura-t-elle permis de nous positionner intérieurement et de remettre les priorités dans nos vies. Les élèves et les professeurs accompagnants, bien que réticents au début, sont repartis enthousiastes et habités par un souffle nouveau.

Nyoni (coordinatrice de la pastorale des jeunes pour le diocèse de Tournai)

Pour ma part, l’expérience vécue avec ces élèves de rhéto m’a montré à quel point ils avaient besoin d’un espace où oser la profondeur. Beaucoup d’élèves passent plusieurs heures ensemble sans pour autant développer une capacité à parler de ce qu’ils vivent d’enthousiasmant ou de difficile. C’est peut-être parce que, parler dans la confiance, la responsabilité et la liberté, ça s’apprend…C’est ce climat de confiance que nous avons tenté d’instaurer dans chaque classe, avec plus ou moins d’aisance en fonction de la dynamique de chaque groupe. Plusieurs ont exprimé leur gratitude à la fin de la journée alors que, de notre côté, il nous avait semblé avoir été de simples facilitateurs du dialogue. Nous leur avons tout simplement permis de s’enrichir les uns les autres de leurs expériences et de leur talents. Que c’était beau à voir !

Bertrand (responsable et coordinateur de la pastorale des jeunes pour le diocèse de Tournai)

J’ai été très touché de cette demande de la part des directions et des professeurs de ces établissements. J’y ai perçu combien la détresse de leurs élèves et le mal-être grandissant auxquels ils faisaient face chaque jour les préoccupait. En outre, j’ai été honoré par leur confiance.

L’une des écoles nous a demandé d’organiser une journée de ressourcement pour chaque classe de rhéto, soit 15 journées ! Ce fut un vrai challenge car étant donné l’emploi du temps chargé des étudiants, il nous était demandé de proposer ces rencontres en l’espace de deux mois.

Nous avons relevé le défi et je crois que ce nous avons proposé à ces jeunes a été bénéfique. D’une part, j’ai réalisé à quel point ils avaient besoin d’espace (dans le sens physique du terme et dans le sens de « possibilité » du terme) pour se dire, pour déposer leur fardeau, exprimer leur ras-le-bol, leur découragement, etc. D’autre part, j’ai pris conscience de leur grand besoin de vivre autre chose que des apprentissages ou des réalisations de travaux : partager ensemble, s’enrichir de la vision les uns des autres par rapport à des sujets importants, vivre des expériences de collaboration et mener à bien des projets collectifs, expérimenter des moments de profondeur et d’intériorité…

Pour ma part, crise ou pas crise, je crois que ces moments devraient faire partie de la vie scolaire de tout étudiant. En effet, comme tous les êtres humains, ils ne sont pas que des cerveaux à remplir, mais aussi des cœurs à écouter et à laisser être.

De tout cœur, je remercie ces écoles de nous avoir fait confiance en nous permettant de réfléchir avec elles à la mise en place de ces moments « extra-ordinaires ». J’espère que cette expérience n’était qu’un début et que cette crise sanitaire nous aura fait prendre la mesure de combien il est important de prendre soin de tous ces jeunes.