Le verbe de ta vie

Outil inspiré par le livre de Sarah ROUBATO, Trouve le verbe de vie, lettre à un ado, La nage de l’ours, 2021, 32p.

Introduction pour l’animateur

Le livre de Sarah Rubato est bref, clair, facile à lire et apporte un autre point de vue, une nouvelle richesse par rapport à la fameuse question : « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard? » à laquelle nos jeunes doivent souvent répondre. Ce livre — profane — rejoint profondément l’anthropologie chrétienne sur le bonheur, l’épanouissement de l’être mais aussi tout l’aspect du discernement ignatien.

se décider pour Dieu passe par l’examen de nos
pensées, et de leurs effets, de ce qu’elles nous font éprouver intérieurement, durablement, pour
repérer celles qui vont dans le sens de Dieu… et celles qui s’en détournent.

Prie en chemin avec St Ignace, les coups de canon qui changent nos vies

L’essence même du livre de Sarah Rubato est ceci : la question « Que veux-tu faire plus tard » est trompeuse. Selon Sarah Rubato, il est plus juste de chercher le « verbe » de sa vie. Notre aspiration profonde est souvent liée à un « faire » ou à un « être » qui nous tient à cœur : aider, relier, inventer, découvrir, fabriquer, analyser, exprimer… Ce désir profond peut se réaliser à travers divers métiers. Ceci qui explique certaines reconversions professionnelles très surprenantes. Elle invite le jeune à chercher le verbe qui le fait vibrer puis à travers que canal conjuguer ce verbe (les mots, le corps, l’image, la terre, les chiffres, les animaux…). La 3e question qu’elle suggère aux jeunes est celle liée au mode de vie (horaire fixe ou irrégulier, au même endroit ou ça bouge, travailler à l’intérieur ou à l’extérieur, endroit calme ou animé…). Enfin le jeune est interpellé : « au service de quoi tu mets ton verbe : un système dont le seul but est de produire de la richesse financière, de la compétition ou un système basé sur le respect du vivant, la coopération et la production de bien-être.

Des pistes d’animation

En guise d’introduction (de 5 à 10min)

Choisir une ou plusieurs des pistes ci-dessous

A. Une chanson

Vous pouvez faire écouter la chanson de Jean-Jacques Goldman : tout au bout de mes rêves (le clip officiel | vidéo paroles) Il est possible de stopper la vidéo en douceur à 2’00 »

B. Un questionnaire individuel

C. Un tour de table avec la question : « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? »

Apport théorique (entre 10 à 15 min)

A. À créer sur la base du livre et de l’anthropologie chrétienne

Dans le livre de Sarah Rubato. La question « Que veut tu faire plus tard ? » est réductrice, cela ne touche que ton métier (p.11) c-à-d 40h sur ta semaine de 168h. Il n’y a pas qu’un chemin dans la vie (ex. de reconversion professionnelle vers 30-40-50 ans) (p.13-14). Trouver son verbe (p.19)

Pape François : Gaudete et exultate n° 11. « « Chacun dans sa route » dit le Concile. Il ne faut donc pas se décourager quand on contemple des modèles de sainteté qui semblent inaccessibles. Il y a des témoins qui sont utiles pour nous encourager et pour nous motiver, mais non pour que nous les copiions, car cela pourrait même nous éloigner de la route unique et spécifique que le Seigneur veut pour nous. Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui. Nous sommes tous appelés à être des témoins, mais il y a de nombreuses formes existentielles de témoignage. »

Christus Vivit. Chapitre 8 sur la vocation. Chapitre 9 sur le discernement.

Deviens ce que tu es / développer ses talents / s’accepter soi-même / Sœur Emmanuelle : toujours poursuivre ses rêves car c’est Dieu qui les a inscrit en nous…

B. Une vidéo

C. Un témoignage d’un choix professionnel ou d’une reconversion

Ateliers recherche (30min)

Sur le mode world-café, les jeunes sont invités à circuler de table en table pour compléter la réflexion des groupes qui les ont précédés (5 tournantes de 3-5 minutes). Sur chaque table se trouve une feuille avec un verbe. Une liste non-exhaustive de verbes est proposées ci-dessous. Les participants sont invités a y indiquer de manière bien lisible et esthétique tous les métiers qu’ils trouvent répondre à ce verbe.

Liste de verbes : innover, aider, transmettre, découvrir, inventer, fabriquer, exprimer, analyser, relier, faire naître du vivant, mettre ensemble, prendre soin, construire, assembler, transformer, soigner, guérir, protéger, défendre, accompagner, embellir. Ce sont ceux cités par Sarah Rubato dans son livre mais on pourrait en trouver d’autres : faire grandir, apaiser

Temps de réflexion individuel (15-25min)

Ce temps peut-être introduit par une prière ou un chant à l’Esprit-Saint pour que les jeunes comprennent bien qu’ils font ce travail sous le regard de Dieu, qui les connait mieux qu’eux et est la Lumière et le Chemin qui nous guide vers « la meilleur version de nous nous-même » (expression que les jeunes utilisent pas mal).

Donnez à chaque jeune une feuille avec un très grand nombre de verbe.
Chacun de manière individuelle, barre les verbes qui ne lui parlent pas du tout et souligne ceux qui l’attirent.

Ensuite inviter chaque jeune à prendre un temps personnel dans lequel il fait mémoire d’événements de sa vie, d’acte, d’action qu’il a posés, vécus et qui lui ont permis de goûter une vraie joie profonde, un sentiment de bien-être, d’épanouissement personnel, d’alignement par rapport à son être profond. Pour chacun de ces événements, l’inviter à recherche le ou les verbes qui s’y rattache et à l’entourer sur sa feuille.

À l’issue de ce travail, inviter le jeune à reprendre chaque verbe entouré et à s’arrêter dessus : imaginer quel métier il pourrait faire sur base de ce verbe et visualiser dans sa tête une journée avec ce métier : se lever en pensant à sa journée de travail, partir vers ce lieu de travail, arriver, se mettre au boulot, ce que j’y fais, les personnes que j’y rencontre, les joies et difficultés de la journée, la fin du travail, le retour à la maison et la vie qui vient après.

Groupe de partage : mon verbe à moi (10min)

Pour terminer, des petits groupes de partages, faits de manière aléatoire, par sexe, par âge ou par type de verbe, sont proposés pour que chaque jeune verbalise ses découvertes. Comme nous le rappelle Sarah Rubato (p.9) exprimer et exister sont intimement liés.

Conclusion (au choix)

A. Reprise par l’animateur et complément théorique

avec la matière / le mode de vie / au service de quoi (cf. p.16 et 17)

B. Prière d’action de grâce

pour ce que chacun a découvert
pour la diversité entre nous
et invitation à la remise de soi, de ses découvertes du jour au Seigneur (démarche concrète possible)

C. Projection d’un témoignage

Ce témoignage en lien avec la vocation peut aider les jeunes à comprendre que Dieu ne nous guide jamais dans des chemins qui sont « contre » nous.

D. Conte des 3 sapins

Il était une fois , en haut d’une montagne , trois petits arbres qui rêvaient à ce qu’ils voudraient devenir quand ils seraient plus grands.
Le premier regarda les étoiles qui brillaient comme des diamants au-dessus de lui. « Je veux abriter un trésor, dit-il. Je veux être recouvert d’or et rempli de pierres précieuses. Je serai le plus beau coffre à trésor du monde ».Le deuxième arbre regarda le petit ruisseau qui suivait sa route vers l’océan. « Je veux être un grand voilier, dit-il. Je naviguerai sur de vastes océans et je transporterai des rois et des reines à l’autre bout du monde. Je serai le bateau le plus solide et le plus puissant du monde ».Le troisième petit arbre regarda dans la vallée au-dessous de lui et il vit la ville où des hommes et des femmes s’affairaient. « Je ne veux jamais quitter cette montagne, dit-il. Je veux pousser si haut que lorsque les gens s’arrêteront pour me regarder, ils lèveront les yeux au ciel et penseront à Dieu. Je serai le plus grand arbre de tous les temps ».
Les années passèrent. Les pluies tombèrent, le soleil brilla et les petits arbres devinrent grands. Un jour, trois bûcherons montèrent dans la montagne.
Le premier bûcheron regarda le premier arbre et dit : « C’est un bel arbre. Il m’a l’air solide. Je pourrais le vendre à un charpentier ». Et bientôt, abattu de vingt coups de hache, le premier arbre tomba. « Maintenant, je vais devenir un coffre magnifique, pensa le premier arbre. J’abriterai un merveilleux trésor ». Le deuxième bûcheron regarda le deuxième arbre et dit : « Cet arbre est vigoureux. Voilà ce qu’il me faut pour le constructeur de bateaux ». Et bientôt, abattu de vingt coups de hache, le deuxième arbre tomba. « Désormais, je vais naviguer sur de vastes océans, pensa le deuxième arbre. Je serai un grand navire digne des rois ». Le troisième arbre sentit son cœur frémir quand le bûcheron le regarda. Si on le coupait, ses rêves de grandeur seraient réduits à néant… Mais bientôt, sous les coups de hache, le troisième arbre tomba.
Le premier arbre se réjouit lorsque le bûcheron l’apporta chez le charpentier, mais le charpentier avait beaucoup trop de travail pour penser à fabriquer des coffres. De ses mains calleuses, il transforma l’arbre en mangeoire pour la ferme voisine. L’arbre qui avait été autrefois très beau n’était pas recouvert d’or ni rempli de trésors. Il était couvert de sciure et rempli de foin pour nourrir les animaux affamés.Le deuxième arbre sourit quand le bûcheron le transporta vers le chantier naval, mais ce jour-là, nul ne songeait à construire un voilier. A grands coups de marteau et de scie, l’arbre fut transformé en simple barque de pêche. Trop petit et trop plat pour naviguer sur un océan ou même sur une rivière, il fut emmené sur un petit lac. Tous les jours, il transportait des cargaisons de poissons morts qui sentaient affreusement fort.Le troisième arbre devint très triste quand le bûcheron le coupa pour le transformer en grosses poutres qu’il empila dans la cour. « Que s’est-il passé ? se demanda l’arbre qui avait été autrefois très grand. Tout ce que je désirais, c’était rester sur la montagne en pensant à Dieu ».
Beaucoup de jours et de nuits passèrent. Les trois arbres oublièrent presque leurs rêves. Mais une nuit, la lumière d’une étoile dorée éclaira le premier arbre au moment où une jeune femme plaçait son nouveau-né dans la mangeoire. « J’aurais aimé pouvoir lui faire un berceau », murmura son mari. La mère serra sa main dans la sienne et sourit tandis que la lumière de l’étoile brillait sur le bois poli. « Cette mangeoire est magnifique », dit-elle. Et soudain, le premier arbre sut qu’il renfermait le trésor le plus précieux du monde.
D’autres jours et d’autres nuits passèrent. Sur le lac, un soir, un voyageur fatigué et ses amis s’entassèrent dans la vieille barque du pêcheur. Tandis que le deuxième arbre voguait tranquillement sur le lac, le voyageur s’endormit. Soudain, un gros orage éclata et la tempête se leva. Le deuxième arbre trembla. Il savait qu’il n’avait pas la force de transporter tant de monde en sécurité dans le vent et la pluie. Le voyageur s’éveilla. Il se leva, écarta les bras et dit : « Paix ». La tempête se calma aussi vite qu’elle était apparue. Et soudain, le deuxième arbre sut qu’il transportait le roi des cieux et de la terre.
A quelque temps de là, un vendredi matin, le troisième arbre fut fort surpris lorsque ses poutres furent arrachées à la pile de bois oubliée. Transporté au milieu des cris d’une foule en colère et moqueuse, il frissonna quand les soldats clouèrent sur lui les mains d’un homme. Il se sentit horrible et cruel. Mais le dimanche matin, quand le soleil se leva et que la terre toute entière vibra d’une joie immense, le troisième arbre sut que l’amour de Dieu avait tout transformé.
Le premier arbre avait contenu le trésor divin. Le second arbre avait transporté le roi des cieux. Et à chaque fois que les gens penseraient au troisième arbre ils penseraient à Dieu.