Vous allez détester la fin!

Pendant cette période de confinement, nous vous proposons quelques courts-métrages. Ce format particulier — comme son nom l’indique — a l’avantage d’être court et laisse donc la place à la discussion. Car oui, notre but n’est pas de nous scotcher à nos canapés mais bien de nous en faire sortir. Pour ce soir : « le gouffre ».

Deux amis vivent pleinement. Ils taillent la route, ils sont heureux, bien vivants. Malheureusement, ils rencontrent un obstacle de taille sur leur chemin… Nous vous laissons regarder la suite et on se retrouve après.

Pas d’alternative au gouffre. Il s’agit d’un vrai obstacle, un de ceux qui dans une vie paraissent infranchissables. S’il y avait une solution facile, nous n’en parlerions pas. Nous vous laissons prendre ce gouffre comme métaphore d’une de vos situations, pourquoi pas la crise sanitaire.

Notre relecture de ce court-métrage, tourne principalement autour de la question de l’espérance. Alors que les villageois sont résignés, les deux hommes ne baissent pas les bras. Et leur espoir devient contagieux. Faisant son chemin, l’espérance conduit à la foi. Les villageois finissent par croire que les deux hommes pourront traverser. Ils s’impliquent donc dans ce projet fou. Ils pensent recevoir la preuve ultime que cela est possible avec le tir de la balise… sauf que nous, nous avons vu que non!

L’espérance peut-elle devenir un mensonge que l’on se fait à soi-même? Autrement dit, plutôt que de nous permettre de nous projeter dans un avenir possible, elle servirait de masque à notre présent. Si l’espérance se déconnecte du réel, de notre aujourd’hui, alors elle devient un mensonge. Plongés dans une fausse espérance certains préfèrent ce mensonge à la vérité? Et nous, comment être certain que notre espérance n’est pas un mensonge, comment faire confiance au témoignage qui nous a été donné? Toutes ces questions nous paraissent indigestes si l’on considère que les deux jeunes gens ont échoués. De même, pour le chrétien, tout ce que disent les évangiles est inaudible si le Christ est mort.

Ce qui nous a permis finalement d’apprécier cette histoire avec ce qu’elle a de difficile, c’est justement de faire le point sur la vérité de notre espérance. Oui, les villageois — comme les chrétiens — se font sans doute une idée tronquée de ce qu’il y a de l’autre côté. Cependant, malgré la mort qui est une chose terrible, si l’on regarde bien, la situation de tous les personnages à la fin du court-métrage est plus enviable que celle du début. Le jeune homme qui est passé est seul, certes, mais il continue. Quant à celui qui est mort, sa disparition a donné l’espoir à tout un village. Et puisque la mort nous attend tous, il vaut mieux en faire un signe de paix quand elle arrive, plutôt que d’attirer avec nous une spirale négative. Et nous, les villageois? On nous a donné l’espoir qu’il y a moyen de traverser. Nous ne pourrons jamais en être certains sans avoir fait la traversée nous-même. Cependant, plus la relation avec ceux qui ont ouvert la voie est forte plus nous pourrons leur faire confiance la dessus.

La crise sanitaire elle aussi sera un jour dépassée, mais nous ne savons ni quand ni comment ni à quel prix. Par contre, nous pouvons choisir dès maintenant si nous en ferons une source de guerre ou d’espérance. La foi n’est pas une certitude mais le choix d’un possible jusque-là inimaginable.

Olivier Caignet