#liègejeunesengagés, Lucie nous parle de Lourdes

#liègejeunesengagésJ’avais quatorze ans la première fois que je suis allée à Lourdes avec le pèlerinage du diocèse. J’ai simplement suivi deux amies, parties un an plus tôt pour la première fois, et qui m’en avaient dit énormément de bien. Je ne savais pas du tout ce que j’allais trouver là, ni même si ça allait me plaire. Bien sûr, je savais ce qu’était un pèlerinage, je connaissais plus ou moins l’histoire de la ville et des apparitions, mais sans plus.

Pourtant, il ne m’a pas fallu vingt-quatre heures sur place pour comprendre que ce n’était pas un endroit tout à fait comme les autres. Au sol, il y a des lignes rouges qui donnent priorité aux chaises roulantes et aux brancards, et donc aux personnes qui ne savent pas marcher. Aucun endroit ne leur est inaccessible. Les personnes qui poussent les chaises ou tirent les brancards le font avec le sourire, sont à l’écoute de ceux dont elles s’occupent. Les gens se parlent, se tiennent les mains, se sourient, se remercient sans cesse. Le soir, le sanctuaire est illuminé par la procession aux flambeaux.

Une chose était sûre, Lourdes est bien différente des autres villes que nous connaissons.

Après cela, il était certain que j’y retournerais. Après deux ans en tant qu’animée au sein d’un groupe de jeunes, j’ai décidé de commencer à brancarder avec d’autres jeunes de ce même groupe. Ça a de nouveau été une grande découverte car, même si j’avais déjà vu comment on brancardait, c’est tout à fait différent de le faire soi-même ! Chaque année en début de pèlerinage, les brancardiers peuvent suivre une formation expresse pour apprendre ou se réhabituer un peu aux gestes du brancardage. On apprend à manier une chaise roulante, à éviter un obstacle, on apprend à manœuvrer avec un brancard, à bloquer la roue pour l’immobiliser, mais on apprend aussi et surtout à aider une personne qui ne sait pas ou peu marcher à monter sur le brancard ou à en descendre, on apprend à l’installer dedans, au besoin à la porter… Ça demande bien sûr beaucoup de précautions et d’attention. Devenir « les jambes » d’une autre personne pendant une semaine, ce n’est pas anodin, surtout quand on n’a pas forcément l’habitude. On en apprend beaucoup sur la réalité du handicap, et sur le quotidien des personnes porteuses de handicap (autant physique que mental), sur ce qu’on peut faire et comment on peut le faire, sur la façon dont on peut aider ou soulager la personne.

Mais c’est surtout beaucoup de partage, d’écoute et de confiance. Aujourd’hui, j’ai vingt ans et je viens de vivre mon septième pèlerinage à Lourdes. Je pourrais en parler tous les jours, tant cette semaine à Lourdes est importante dans mon année. Elle me donne l’élan et la force nécessaires pour un an. Aujourd’hui, je n’imagine plus vivre une année sans Lourdes. J’y ai rencontré des personnes que je compte maintenant parmi les plus proches dans mon entourage et qui comptent beaucoup pour moi. L’une d’elle m’a dit une fois lors d’une fin de pèlerinage : « Lourdes, c’est une semaine par an et toute l’année dans le cœur. » Et je ne peux qu’être d’accord ; j’y ai vécu des moments comme « suspendus », hors du temps, dont je me rappellerai toujours.

Je finirai par les mots que j’ai le plus souvent entendus lorsqu’on demande à une personne partie à Lourdes de raconter son voyage : « Lourdes, ça ne se raconte pas, ça se vit ! ».

Lucie