Discerner, se décider : un outil pour t’aider.

 » Lequel d’entre vous, quand il veut bâtir une tour, ne commence par s’asseoir…  » Lc 14, 28.

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INTRODUCTION


Bien choisir et donc bien discerner présuppose d’avoir une conscience droite c’est-à-dire
d’avoir le goût et la soif du bien et d’être fidèle à cette voix intérieure qui me convoque à
faire ce que je crois qui est bien.
Une situation nouvelle met en crise notre perception du monde, notre inscription dans
ce monde qui est le nôtre et dans lequel nous réussissons plus ou moins facilement à faire
notre trou, à trouver notre rythme.
La crise, au sens du grec « krisi » , est le « moment décisif », exactement au sens où le
moment critique est justement le plus petit commencement de mouvement qui suffit à
faire pencher la balance d’un côté plutôt que de l’autre. « La krisi », c’est l’action de juger,
d’apprécier.
Voilà qu’il va falloir faire appel à notre capacité de jugement, à notre conscience pour
nous repositionner dans ce monde qui bouge sans nous en demander la permission. Nous
sommes alors convoqués au discernement qui renvoie finalement à la question : Que doisje
faire ? Quelle est la volonté de Dieu ?


QUELQUES PRÉALABLES À L’EXERCICE DE DISCERNEMENT.

Pour un chrétien :
† La question « Que dois-je faire ? » ne peut être séparée de « Quelle est la volonté
de Dieu ?»
† En plus de la sagesse humaine qui l’éclaire, le chrétien à une autre source pour guider
sa vie : la Parole de Dieu.
† Il ne faut pas confondre un appel de Dieu avec un désir qui vient de soi.


En tant que chrétien, nous croyons que :
† Dieu ne demande jamais l’impossible. (au sens concret du mot)
† Dieu ne peut jamais demander de faire du mal.
† Si c’est bien Dieu qui appelle, d’autres peuvent le dire et le reconnaître avec moi.
† Si Dieu appelle, il insiste dans le temps. C’est tout autre chose qu’une idée qui me
traverse l’esprit.
† Lorsque Dieu passe vraiment dans une vie, il y a aussi des signes de paix et de joie
et de conversion personnelle qui sont associés à ce passage et qui durent dans le temps.

LES GRANDES ÉTAPES DU DISCERNEMENT

1. On discerne entre deux bonnes choses


On ne peut discerner comment faire le mal. Il s’agit donc de voir si le choix que je dois faire est bien entre deux bonnes choses que je peux également faire devant Dieu. Il arrive parfois que l’on soit affronté à deux maux auxquels on ne peut échapper.
La tradition de l’Église rappelle que dans ce cas-là, il faut toujours choisir le moindre. Mais quand bien même on aurait choisi le moindre, c’est toujours un mal.

2. Avant la décision : s’informer


† L’attitude fondamentale consiste à ne pas laisser la situation gouverner nos choix. Cependant, on ne peut pas ignorer la réalité.

† Consulter ceux qui ont répondu au même appel et recueillir leur expérience.

† Que dit l’Église ? Relire à l’occasion l’exhortation apostolique de Jean-Paul II « les fidèles
laïcs » publiée en 1989. Mais se rappeler aussi un autre critère ecclésial : jamais le bien
commun ne peut se bâtir contre un bien particulier, comme celui de la famille.

† Prier de manière ouverte. C’est-à-dire ne pas exiger de Dieu qu’il nous appelle à un chemin
plutôt qu’un autre et ne pas le contraindre à un mode de « communication » avec nous
plutôt qu’à un autre (une parole de la Bible qui nous toucherait, un signe extérieur, …).

† Où va le goût intérieur ? Ne surtout pas nier mais reconnaître les sentiments qui ont surgi
à l’occasion de l’appel qui a été lancé. Goût ? Crainte ?

† Ne pas ignorer le prix à payer (financier, intellectuel, spirituel, disponibilité à la vie de
famille, non renouvellement d’autres engagements, …).

† User des moyens raisonnables autant que faire se peut. Faire la liste des avantages et
inconvénients que l’on verrait à accepter ou à refuser l’appel qui nous est fait. Puis comparer
avec toute son intelligence.

† Lorsqu’une décision concerne le couple ou un groupe de personnes, que toutes les
personnes aient une voix dans le processus de décision.

† Ne jamais faire jouer un seul critère. Il s’agit plutôt de repérer le principal faisceau d’indices
qui tire dans la même direction.

† (…).

3. Prendre la décision


Il importe de pouvoir décider nous-mêmes et de ne pas, si possible, laisser la vie décider à notre place. Le chemin à parcourir se fera avec d’autant plus de courage et de détermination que la décision sera nôtre. Il est utile, enfin de savoir pourquoi telle décision est prise et quels fruits on en attend et si possible de l’écrire.
La décision se prend dans le calme et devrait nous laisser en paix. Une bonne décision est celle qui contribue à notre unité intérieure quitte à intégrer un certain nombre de tensions qui ont été jugées indépassables.

4. Mettre en œuvre la décision

C’est alors que l’on peut se jeter résolument dans l’action. Il est vivement conseillé de ne pas remettre en cause une décision mûrement réfléchie lorsque des difficultés surviendront.

5. Vérifier les fruits attendus


Cela fait partie intégrante du processus de discernement. D’une part il est nécessaire de faire le bilan des actions entreprises pour pouvoir en répondre envers soi-même et envers ceux qui nous ont appelés.
D’autre part parce que la relecture nourrit en retour notre conscience et affine notre aptitude au discernement.
C’est aussi en cela que tant l’instance qui a lancé l’appel que ceux qui ont répondu à cet appel exerce leur responsabilité jusqu’au bout.
Les chrétiens disposent d’une tradition de relecture importante dans les mouvements d’action catholique ou de spiritualité. Ne l’oublions pas.

6. … et recommencer


Lorsqu’un mandat est à durée déterminée, il peut être renouvelable. Auquel cas il faut recommencer le processus, fort de l’expérience acquise. Le danger serait de croire que l’expérience nous dispense d’une étape. En revanche elle peut nous aider à établir d’autres critères que l’on trouvera, pour l’occasion, plus pertinents.


ET EN CAS D’URGENCE ?


C’est rarement le cas mais il arrive que nous soyons plongés dans une situation qui exige
de notre part une décision très rapide où les temps de la réflexion et de la prière nous sont
brefs. Dans ces cas-là, nous discernons, nous décidons en fonction de notre « goût pour le
bien ». Et ne croyons pas qu’il est sans valeur. En effet, si nous avons pratiqué dans notre
vie quotidienne ce travail de discernement, nous avons acquis un certain habitus, un certain
« flair » qui, sans être infaillible, demeure souvent dans une première approche assez fiable.
Et puisque l’on aura fait ce que l’on a pu dans les limites de notre humanité, même si la
solution retenue ne s’avère pas excellente, restons en paix avec nous-mêmes. Plus n’était
pas à notre portée. L’acceptation de ses limites permet de vivre.
Reste qu’il vaut mieux, quand on peut, faire perdre aux situations d’urgence leur caractère
d’urgence.

ET SI JE M’APERÇOIS QUE JE ME SUIS TROMPÉ ?


Que signifie « se tromper » ? Être déçu ? Le travail est moins gratifiant qu’on ne le pensait ?
La réalité est autre qu’on ne l’avait imaginée ? Avait-on alors sous estimé tel ou tel aspect
des critères utilisés ? Décidé dans la crainte de décevoir le regard des autres ou du conjoint,
mais sans le dire ? (…)
Il importe tout d’abord de ne jamais oublier que Dieu nous rejoint toujours là où nous
sommes même si ce n’est pas là où il nous attendait car ailleurs nous n’y sommes pas.
Ensuite, il est peu probable que le discernement, s’il a eu lieu, quoique imparfait, ait été
totalement nul. Les difficultés ont dû normalement être envisagées globalement. Elles
ne devraient donc pas surprendre. Il est sans doute possible de poursuivre l’engagement
moyennant quelques aménagements. La persévérance au cœur des vicissitudes de notre
condition dans la fidélité à une promesse à une parole donnée construisent notre humanité
plus qu’on ne l’imagine.
Mais en définitive, « à l’impossible, nul n’est tenu ».
Enfin, la relecture de cette page d’histoire à propos de notre jugement sur nous-mêmes et
nos aptitudes, voire nos échecs, enrichira certainement notre conscience.


CONCLUSION


Le discernement nécessite une prise en compte de plusieurs éléments touchant à l’humain
et au divin en nous. L’usage d’une méthode, avec des étapes bien précises, est un bien
précieux même si, en général, les chrétiens vivent spontanément la plupart des étapes ci-dessus
évoquées parce qu’ils pratiquent leur foi, prient, agissent, discutent avec d’autres…
Mais ne nions pas que pour certaines questions plus difficiles ou essentielles, un discernement
méthodique et structuré, avec la grâce de l’Esprit Saint, est précieux.
Bonne route sur les chemins du Seigneur !


Très largement inspiré par Discerner et se décider en conscience sur www.discernement.com/DiscernerJeu.htm


 

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