Ne quittez pas chez vous comme avant

Dans les milieux chrétiens, il y a des chansons que l’on ne peut plus entendre tellement elles ont été chantées. C’est le cas de « Ne rentrez pas chez vous comme avant ». Pourtant, aujourd’hui, le déconfinement nous la fait entendre autrement.

S’il y avait une urgence à rester confinés, il y en a désormais une à porter une parole humanisante dans notre société. Nous ne sommes pas chrétiens que pour aller à la messe, si nous allons à la messe c’est pour pouvoir « changez nos cœurs, chassez nos peurs, vivre en hommes nouveaux ».

L’évêque de tours, Mgr Vincent Jordy pose dès lors des questions dérangeantes, mais essentielles pour les chrétiens. Fallait-il vraiment se battre pour retrouver « notre messe »?

On peut s’interroger sur les enjeux d’une telle mobilisation d’énergie pour le retour du culte et le peu d’investissement dans ce qui pourrait sembler un enjeu bien plus fondamental. En effet, qu’est-ce que le jeûne eucharistique à côté du drame de tant de personnes qui, malgré le dévouement des soignants, ont dû affronter la mort dans la solitude, sans le soutien de leur famille, de leur Église, dans les hôpitaux […]? Le « tout sanitaire », légitimé par un discours scientifique et technocratique dont on a pu observer les errances, devient-il l’horizon indépassable de l’humanité nouvelle qui autorise la restriction des libertés et des droits les plus fondamentaux ?

Vincent Jordy, Reprise des cultes et déshumanisation de la mort : quel est le vrai enjeu pour les catholiques ?, en ligne sur www.la-croix.com

Alors? Comment vivrons-nous notre nouvelle humanité après le COVID19? Ne pas visez notre propre intérêt est la moindre des choses. Comme chrétien, « être des urgentistes de la vie, des facilitateurs d’espérance, des prophètes du réel » comme le propose Michel Cool-Tadet sur Facebook, c’est quand même autre chose. « Il reste maintenant à mettre ces bonnes paroles en actes ».