Ils nous divisent

Les réseaux sociaux, la presse et enfin le monde politique s’agite depuis quelques jours à la suite du film-documentaire « Hold up ». Au Service Jeunes, nous ne sommes pas là pour vous dire qu’il y a d’un côté les bons journalistes et de l’autre les méchants complotistes ; ce n’est pas tout blanc ou tout noir.  Mais il nous semble essentiel de prendre de la hauteur, de voir pourquoi tant de passion mais aussi un tel clivage. Ce qui est grave, ce n’est pas le complotisme mais surtout et avant tout que la démocratie perde. Il est clair que bon nombre d’entre nous, et les jeunes particulièrement, n’ont plus confiance en nos dirigeants, en notre démocratie et cela déjà bien avant la crise sanitaire.

D’où vient ce ras-le-bol, ce trop plein, ce manque de confiance ?

Nous distinguons un manque de charité et d’écoute à la base de ce malaise. En effet, une certaine arrogance a pris place dans les échanges : discours unilatéral des dirigeants vers la population ; pétitions de la population vers les dirigeants. Et la virtualisation des échanges, par exemple entre parent et enseignant ou acheteur et commerçant ont amené des façons de s’exprimer beaucoup plus dures, intransigeantes… qui, très vite, basculent dans l’opposition plutôt que la bienveillance. Où est le débat constructif qui recherche la compréhension mutuelle et la satisfaction des deux parties? À tous les niveaux, le dialogue est mis à mal. Et ce ne sont pas les gestes barrières (masque, distance…) qui améliorent les choses.

Et puis, il y a peut-être un second facteur qui nous entraine dans cette galère, c’est le mensonge. Qui n’a jamais menti ? Personne ! Comme dans l’évangile de la femme adultère (Jean 8, 1 à 11) : « Que celui d’entre vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ». Le mensonge est perçu par beaucoup comme sans gravité, juste un outil facile et pratique pur se sortir de situations embarrassantes, gênantes, compliquées. Qu’est ce qu’un petit mensonge ? Pas grand chose diront certains. Mais la difficulté du mensonge c’est qu’il appelle quasiment toujours un mensonge plus grand sauf si, bien sûr, je l’avoue. Je m’explique : si le mensonge résout un problème, une difficulté qui, dès lors, disparait, le mensonge reste. Ce mensonge, je vais devoir continuer à le dissimuler. Malheureusement, pour cette dissimulation, je n’aurai sans doute pas d’autre choix que de dire au autre mensonge… et la spirale infernale commence.

Pour en revenir à l’actualité et à ce documentaire, posons-nous des questions : pourquoi n’y a-t-il pas de dialogue, d’échanges autour de ce film? Et moi, est-ce que j’en parle avec d’autres jeunes ou adultes, dans un vrai échange, un vrai débat ? Ou est-ce que je me contente de partager des choses « pour ou contre » sur les réseaux ? Et au niveau des mensonges, est-ce que je questionne les affirmations des uns et des autres ? Est-ce que je ne ferme pas trop vite mes oreilles lorsque l’info opposée à ma pensée arrive à moi ? Enfin, est-ce que je garde un regard critique (dans le bon sens du terme) par rapport à des informations livrées sans sources ? continuer la réflexion

Bien sur le problème est bien plus large et complexe que ce qui est dit dans cet article. Nous souhaitions mettre en lumière deux éléments simples et à notre portée auxquels nous pouvons veiller et sur lesquels nous pouvons faire notre part de travail. En tant que chrétiens, soyons des artisans de paix, de dialogue, qui n’accentuent pas les clivages mais ouvrent le dialogue en vérité et avec bienveillance. Que ces deux petits points nous éclairent dans les jours à venir.

Véronique Spronck