L’amour, ce mot souvent abîmé, auquel Dieu redonne tout son sens

Tous les amours ne se valent pas
On nous répète que l’amour, c’est beau, c’est juste, c’est toujours la réponse. Mais l’amour est-il toujours comme cela ? Si tu observes autour de toi, dans ta vie, dans celle de tes proches, dans les histoires qu’on raconte, tu verras que certains amours abîment, étouffent, détruisent. Alors comment distinguer l’amour qui fait grandir de celui qui défigure?
L’amour tragique : quand la passion dévore
Puis il y a les amours tragiques, ceux qu’on idéalise dans les films et les chansons. La passion dévorante, l’intensité absolue, le « je-ne-peux-pas-vivre-sans-toi ». Ça semble romantique, on se sent indispensable aux yeux de l’autre, mais c’est souvent le signe d’un amour malade. Un amour qui consume au lieu de nourrir, qui dépend de l’autre pour exister, qui confond fusion et union. L’amour véritable n’a pas besoin de drame pour prouver son existence. Il n’exige pas de sacrifices destructeurs. Il ne dit pas « sans toi je meurs », mais plutôt « avec toi je vis mieux, je grandis, je deviens plus moi-même ».
L’amour dénaturé : quand on aime ce qui détruit
Certains amours se portent sur ce qui nous détruit : une addiction, une image de soi toxique, un idéal inatteignable, une recherche de perfection qui nous perd dans l’infini. On peut « aimer » sa souffrance, s’y attacher comme à une identité. On peut aimer l’idée qu’on se fait de quelqu’un plutôt que la personne réelle. On peut aimer être admiré sans jamais se laisser vraiment connaître. Ces amours dénaturés nous coupent de la réalité, de nous-mêmes, des autres. Ils sont un mensonge qu’on se raconte pour éviter de regarder la vérité en face.
L’amour de Dieu: celui dont tout le monde rêve
Face à tous ces amours qui abîment, il y a l’amour de Dieu. Et non, ce n’est pas qu’une jolie formule pieuse. C’est un amour d’une nature radicalement différente. L’amour de Dieu ne possède pas, il libère. Il ne demande pas que tu sois parfait, il t’invite à devenir pleinement toi. Il ne t’enferme pas dans tes erreurs, il te relève. Il ne dépend pas de tes performances, de ton apparence ou de tes réussites. Il est là, inconditionnel, stable, patient. Cet amour-là ne te rend pas dépendant, il te rend libre. Il ne te diminue pas, il te révèle à toi-même. Il ne t’isole pas, il t’ouvre aux autres. Il ne t’utilise pas, il te construit. Quand l’Évangile affirme que “Dieu est amour” et que Jésus nous aime sans limite, c’est de cet amour-là qu’il est question : un amour qui transforme tout ce qu’il touche et qui redonne à l’être humain sa vraie dignité.
Comment reconnaître le vrai amour ?
Le vrai amour – qu’il soit amitié, amour en couple, amour familial ou relation à Dieu – se reconnaît à ses fruits ! Est-ce qu’il te fait grandir ou rétrécir ? Est-ce qu’il t’encourage à être authentique ou à porter un masque ? Est-ce qu’il respecte ta liberté ou cherche à te contrôler ? Est-ce qu’il te donne de l’énergie ou te vide ? L’amour vrai, celui qui ressemble à l’amour de Dieu. Il crée un espace où tu peux être vulnérable sans danger, imparfait sans honte, en croissance sans (presque aucun) jugement. Il te dit : « Je te vois tel que tu es, et c’est exactement toi que j’aime. »
Quand l’amour de Dieu devient un miroir
Peut-être que tu te reconnais dans certains de ces amours toxiques. Peut-être que tu réalises que tu as accepté moins que ce que tu mérites. Cette prise de conscience peut être le premier pas pour faire évoluer tes relations et apprendre à t’aimer, et à aimer, autrement.
Mais il y a une autre question, tout aussi essentielle : « Et moi, comment est-ce que j’aime ? »
Est-ce que je libère ou est-ce que j’enferme ? Est-ce que je respecte la liberté de l’autre ou est-ce que j’attends, sans m’en rendre compte, qu’il comble mes manques ? Est-ce que j’aime la personne réelle ou l’idée que je m’en fais ? Est-ce que mon amour fait grandir ceux qui m’entourent ?
Tu mérites un amour sain, oui ! Et ceux qui t’entourent méritent aussi de recevoir de toi un amour vrai, un amour qui s’en approche autant que possible : un amour qui ne possède pas, qui ne manipule pas, qui ne conditionne pas. Un amour qui ouvre un espace, qui encourage, qui relève. La vérité, c’est qu’aucun de nous n’aime parfaitement. L’amour de Dieu est unique, et il dépasse toujours ce que nous pouvons produire par nos seules forces. Nous aimons avec nos limites, nos peurs, nos blessures. Mais c’est précisément là que quelque chose devient possible : quand on se laisse aimer par Dieu, alors quelque chose se déplace doucement en nous… On Le laisse aimer à travers nous et notre amour envers les autres se purifie, prend un nouvel élan. Et plus on laisse l’amour de Dieu nous toucher, plus on devient capable d’aimer à notre tour, humblement mais sincèrement.
« Aimons, puisque lui-même nous a aimés le premier » (1 Jn 4,19).
Delphine Lepour
La Pastorale des Jeunes du Brabant wallon est aussi là pour t’accompagner dans cette quête. Pour en parler, pour chercher ensemble, pour découvrir cet amour qui transforme vraiment.