Croisillon, une formation pour animer et accompagner de façon chrétienne tout type de jeune, croyant ou non-croyant
Témoignage de Pacifique Uwimana

D’octobre 2019 à mai 2021, j’ai eu la joie de participer à la formation Croisillon qui est portée par les évêques et la Liaison des pastorales des jeunes francophones. C’est une formation à l’animation et à l’accompagnement chrétiens de groupes de jeunes. Et pas uniquement de « groupes de jeunes chrétiens », élément important à souligner et qui fait son originalité.
Cette première édition de Croisillon est arrivée à point nommé alors que cela faisait déjà quelque temps que je recherchais des informations sur l’animation de groupes de jeunes. A travers mes diverses expériences, j’avais fait le constat de lacunes que je souhaitais combler dans ce domaine. Pourtant, je me tenais informée de l’actualité sur la jeunesse au sein de l’Eglise. Il y avait bien des publications, des conférences sur le sujet mais réellement une formation en tant que telle, en Belgique, ouverte à toute personne intéressée, je n’en trouvais pas. En ce sens, Croisillon tombait à pic ! Je m’y suis inscrite dès que j’en ai pris connaissance. C’est vous dire si j’étais motivée !
Croisillon n’est pas une formation classique de type scolaire ou académique accompagnée d’un syllabus. Au cours des différentes sessions, elle fournit des apports théoriques certes, mais aussi des outils et autres ressources permettant une mise en action concrète, en lien avec le thème de la session. Les participants sont invités à interagir. Le tout, ponctué de temps spirituels, c’est essentiel (prière, eucharisties, temps de silence, etc). Exactement ce que je recherchais. J’ai d’ailleurs déjà pu appliquer certains de ces outils au cours d’une animation pour ados au Foyer de Charité de Spa (où je suis engagée comme amie du Foyer), dès le début de la formation !!
Ce fut, de plus, l’occasion de rencontrer des animateurs d’autres diocèses, d’apprendre de leurs expériences, d’écouter des intervenants de qualité et échanger avec eux, d’en savoir plus sur diverses spiritualités chrétiennes à travers les divers lieux visités lors des sessions, de développer ma confiance en moi en tant qu’animatrice, et de bien d’autres choses encore.
De Croisillon j’ai également appris les bases d’une animation qui tient compte de la présence de jeunes non chrétiens et non croyants du tout. Je craignais de devoir mettre ma foi entre parenthèses, d’en présenter une version « light » ou de tomber dans une sorte de relativisme. Bien que je sois naturellement ouverte aux autres peu importe d’où ils viennent et quelles sont leurs croyances. Mais en matière d’animation très concrète, je n’avais été amenée jusqu’alors qu’à m’occuper que de jeunes croyants. En cela, la pédagogie de Don Bosco (évoquée lors de la session chez les Salésiennes à Farnières) et la spiritualité des Focolari (lors de la session à Rotselaar) sont fort intéressantes. Comme le dit l’expression consacrée, cela m’a fait « sortir de ma zone de confort » !
J’ai aussi fort apprécié la session chez les Dominicains, celle sur la lecture de la Bible à la Pairelle, ainsi que celle sur l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVRAS, en ligne, confinement oblige !). Thèmes sur lesquels nous sommes souvent interpellés, voire bousculés en tant que croyants et très souvent abordés par les jeunes. Que de discussions n’ai-je eues sur ces sujets avec eux ! Ces sessions m’ont donné quelques clés pour savoir répondre aux questions qu’ils se posent ou du moins, leur proposer des pistes de réflexion.
Pour moi qui ai fortement pris conscience de ma vocation de baptisée il y a quelques années, être animatrice de groupe de jeunes est une manière parmi d’autres, de déployer cette vocation. Être témoin du Christ auprès des jeunes est une joie ! Et alors que j’écris ces lignes, me viennent à l’esprit ces versets de l’évangile de Jean : « Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. […] Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue. » (Jn 1, 34 ; Jn 3, 30)
La formation s’est conclue en mai 2021, le lundi de Pentecôte, par une rencontre avec Mgr Kockerols, évêque référendaire auprès des jeunes, suivie d’une eucharistie d’envoi. Par une méditation sur la rencontre du Ressuscité avec les disciples d’Emmaüs, il nous a invités à devenir disciples missionnaires, et entre autres, à veiller à ce que toujours résonne la Parole de Dieu lorsque nous cheminons avec les jeunes.
Même si, comme toute première édition, la formation est appelée à s’améliorer, dans l’ensemble les participants en étaient satisfaits.
Je ne peux qu’encourager toute personne intéressée par la jeunesse à partir d’une vision croyante et ecclésiale, à participer à Croisillon. Vous verrez, on en ressort revigoré, l’esprit bouillonnant d’idées, non sans remises en question, pour mettre tout cela au service des jeunes, de l’Eglise, pour la gloire de Dieu !
Bien entendu, on ne sort pas de là formés pour la vie car l’animateur n’a de cesse d’apprendre. Cela exige aussi de la ténacité tant la réalité du terrain peut parfois paraître rude.
J’en profite pour à nouveau remercier l’équipe Croisillon et la Pastorale des jeunes du Brabant wallon qui m’a permis de suivre cette formation ! Et pour saluer mes collègues de cette première promotion Croisillon ! Et enfin, pour encourager ceux qui viennent de commencer la deuxième édition !
Je termine sur cette citation que l’on trouve sur le prospectus de la formation. Je trouve qu’elle résume bien ce vers quoi doivent tendre les animateurs :
« Sur les questions du SENS, du SACRÉ, du DIVIN, ils doivent être capables de tenir des PROPOS INTELLIGENTS, théologiquement justes et humainement épanouissants. Il leur faut DIRE LA FOI transmise depuis la primitive église tout en LAISSANT NAITRE LE DÉBAT sur les QUESTIONS CRUCIALES de notre temps. »[1]
Pacifique Uwimana
[1] Danielle PALMYRE, Henri DERROITTE, « Les nouveaux catéchistes : Leur formation, leurs compétences, leur mission », Bruxelles, Lumen Vitae, 2008