Relire une expérience ludique

Article librement modifié à partir de :
David & Sacha, Les 5 étapes incontournables pour débriefer un jeu,
30 mars, 2015 en ligne sur media.worklab.fr

Une séance de décodage est indispensable après une phase de jeu afin d’en tirer des enseignements simples souvent et criants de vérités sur la communication, la cohésion et la stratégie de groupe, la coopération, la collaboratif ou la compétition, les jeux de pouvoir, la vie de foi… et la liste est longue selon les jeux proposés! Pour un petit jeu (cf. 3 expériences) compter environ 15 minutes, mais cette relecture peut être plus approfondie pour un évènement comme les JMJ.

1 – Le ressenti

Première étape du débriefing et certainement la plus importante, car il est absolument indispensable de laisser d’abord la parole à vos participants et de recueillir les émotions à chaud. Laissez-les exprimer leurs ressentis, incitez-les à la parole avec des questions du type:

  • Comment vous êtes-vous senti pendant cet exercice?
  • Qu’avez-vous ressenti ?
  • Avez-vous ressenti une peur quelconque ou d’autres émotions intéressantes à partager ?

Ne jouez pas non plus au psy à deux balles, ce n’est pas l’idée donc évitez de poser trop question, mais juste assez pour initier les interactions. Cette étape n’est pas le temps de la théorie, mais de votre écoute active pour prendre un maximum de matière ce qui vous permettra de rebondir dessus lorsque vous passerez aux enseignements théoriques.

2 – La relecture : qu’est-ce qui s’est passé, comment ça s’est passé ?

Après le ressenti, les faits... Ici, la parole est toujours aux participants, mais vous orientez un peu plus la discussion. Essayez de faire factualiser à vos participants les différentes séquences de leur expérience de jeu. Pendant cette seconde étape, vous essaierez de leur faire raconter de façon chronologique ce qui s’est passé pendant l’exercice. Quels ont été les faits marquants pendant le déroulement ?

Pour lancer cette phase, vous pouvez poser des questions du type :

  • Comment avez-vous débuté l’exercice ?
  • Comment avez-vous fait pour vous organiser (s’il s’agit d’un jeu fait en groupe) pour atteindre l’objectif fixé ?
  • Quel(s) rôle(s) avez-vous joué(s) ?
  • Quelles difficultés ont émergé ? À quels moments ?

Une fois de plus, mettez-vous dans une position d’écoute active, et faite en sorte que tout le monde s’exprime en veillant à l’équité dans le temps de parole [cf technique de distribution de parole]

 3 – Les enseignements

Là, il serait tentant pour vous, facilitateur ou animateur, d’aller tout de suite sur les enseignements théoriques…eh bien non ! ce n’est pas encore votre tour ! Savourez ce moment où vos participants vont pratiquement d’eux-mêmes faire le travail à votre place…

Pour cela, vous pouvez lancer cette étape en posant des questions du type :

  • Qu’avez-vous appris ?
  • De quoi avez-vous pris conscience pendant ce jeu ?
  • Un mode de fonctionnement aurait-il amené à un meilleur résultat ?

Vous verrez, tout naturellement que les personnes vont théoriser l’expérience qu’ils viennent de vivre et dégager les principaux enseignements dont vous vouliez qu’ils prennent conscience. Cette étape met en exergue l’apport indiscutable de la ludopédagogie, laissez donc le groupe dire ce qu’il a appris.

4 – La critique du jeu et passerelle vers la vie réel

Ici, le but est de faire le lien avec le vécu. Si votre jeu a bien été amené et animé, votre groupe fera naturellement la passerelle avec leur vie de tous les jours.

  • la processus coopératif : mode équipe (objectif commun et partagé), ou mode groupe  (objectif individuel au profit de l’objectif partagé)
  • la distribution des rôles : identification des compétences de chacun
  • les notions budgétaires : l’utilisation au plus juste du nombre de spaghettis alloués notamment
  • la répartition des tâches : tout le monde sur tout « la tête dans le guidon », ou une répartition des tâches préalablement discutée
  • le leadership : gestion des leaders, des personnes plus introverties
  • la communication : tout le monde parle en même temps ou une écoute active

Amenez-les donc doucement à transposer leur expérience de jeu vers ce qu’ils vivent tous les jours ou avec la problématique que vous voulez aborder. Il est évidemment nécessaire de choisir le bon jeu en fonction de la problématique que vous souhaitiez aborder. Encore une fois, l’important est de laisser parler les participants pour favoriser leur prise de conscience, pour cela vous pouvez poser des questions du type :

  • Quelles analogies pourriez-vous faire avec telle ou telle situation?
  • Avez-vous eu un sentiment de déjà-vu ?
  • Quel intérêt y voyez-vous pour votre travail ou votre vie quotidienne ?
  • Cela vous a t’il paru réaliste/exagéré, pourquoi  ?

5 – Le transfert : l’enseignement théorique

Si nécessaire, vous pouvez terminer en apportant votre un éclairage théorique. Attention, il ne s’agit pas de tordre ce qui vient d’être dit ou de faire dire des choses aux participants. Et c’est là tout l’intérêt d’avoir fait d’abord  parler le groupe car vous pourrez aisément rebondir sur tout ce qui vient d’être dit. Vous pouvez parcimonieusement, explicitez des éléments, ou ouvrir des perspectives qui n’auraient pas déjà été abordées par le groupe. Pour ce qui ne concerne pas le vécu du jeu, parler alors en « je ». Une bonne reprise est importante afin de ne pas terminer votre jeu en queue de poisson. Votre rôle est de donner du sens à tout ça. Durant cette dernière étape, vous avez comme atout de pouvoir démontrer que le jeu est une arme redoutable !