Un Homme et un Dieu, Michael Lonsdale

Parmi de nombreux autres costumes, Michael Lonsdale avait porté la soutane dans « Le Procès » , la robe de bure dans « Le Nom de la rose » , la pourpre des cardinaux dans « Galileo » , allant jusqu’à se glisser dans la peau de l’archange Gabriel dans « Ma vie est un enfer » 1. Cependant, le plus important, n’est pas de savoir de qui il a joué le rôle durant sa longue carrière mais qui il était réellement. Un « homme dont on reconnaissait la voix grave au premier coup d’oreille et la barbichette au premier coup d’oeil sans toujours connaître son nom » 2. Un homme discret donc, souvent abonné aux seconds rôles, mais dont la vie a été, tout comme sa filmographie, une découverte créative.

C’est d’abord l’art qui m’a offert l’intériorité dont j’avais besoin. Je fréquentais les Ateliers d’Art sacré fondés par Maurice Denis à Paris. C’est là que j’ai rencontré le père Régamey, qui m’a proposé le baptême à l’âge de 22 ans. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps et j’ai dit oui, dans une adhésion absolue. Longtemps, je suis resté pourtant un chrétien un peu tiède, qui vivait égoïstement et fuyait sa paroisse ennuyeuse. Je vivais plutôt content de moi, jugeant sévèrement autrui. Mais je suis devenu lentement une autre personne. Ma foi m’a ouvert le  cœur que j’ai appris à laisser parler. Dieu est sensible au cœur, non à la raison. Mais ma foi reste intimement liée aux deux autres composantes de mon existence, le cinéma et la peinture. 3

Son témoignage nous invite à découvrir qu’il n’y a rien de mauvais à suivre les traces d’un autre. Et s’il est évident que le Christ ne parle pas d’emblée à tout le monde, c’est souvent par des médiations qu’il est possible de faire sa rencontre.

Le frère Luc était un exemple pour le genre humain. Il a refusé de devenir prêtre parce qu’il n’avait pas le temps de prier cinq fois par jour et voulait se consacrer aux malades du matin au soir. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Il a accepté de mourir parce qu’il a compris qu’à Tibhirine, il était déjà dans la vraie vie, dans l’amour du Christ. La mort ne changerait rien à son état. Mais au-delà de mon rôle, je peux dire que le film est entré dans nos vies saturées de mouvements et de bruits comme une respiration, où la rencontre et la prière sont essentielles, où évoluent des gens calmes qui aiment les autres, malgré le contexte de violence et de haine. 3

Quand vous regarderez un film avec Michael Lonsdale, n’oubliez pas que qui que vous soyez ou que vous décidiez d’être, vous êtes aimés de Dieu.

1 Raphaëlle PICARD, Francois BECKER, Décès de Michael Lonsdale, la voix et la foi chevillées au corps, en ligne : https://information.tv5monde.com/info/deces-de-michael-lonsdale-la-voix-et-la-foi-chevillees-au-corps-375985
2 Patrick Laurent, Il était une foi(s) Michael Lonsdale, l’un des derniers seigneurs du cinéma français, en ligne : https://www.dhnet.be/medias/cinema/mort-de-michael-lonsdale-ennemi-de-james-bond-dans-moonraker-et-moine-de-tibhirine-dans-des-hommes-et-des-dieux-5f68b3529978e2322f34acf4
3 Sophie Delhalle, Décès de l’acteur français Michael Lonsdale, en ligne : https://www.cathobel.be/2020/09/deces-de-lacteur-francais-michael-lonsdale