Les abus dans l’Eglise … et les animateurs de jeunes face à ça ?
Le mardi 5 octobre 2021, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) a remis son rapport à la Conférence des évêques de France et à la Conférence des Religieux et Religieuses de France.
Ce rapport a suscité, à juste titre, de nombreuses réactions dans les médias mais aussi dans nos discussions interpersonnelles. C’est pourquoi il nous semblait important d’écrire, en tant que service de La Pastorale des Jeunes, ces quelques mots.
Et en Belgique ?
En tant que chrétien, nous ne pouvons pas ne pas nous sentir concernés par ce qu’il se passe en France actuellement. Le sujet est grave. Sachons qu’en Belgique, ce problème est pris au sérieux depuis dix ans déjà. Beaucoup de choses existent et ont été mises en œuvre pour accueillir, écouter, dédommager et sanctionner, mais aussi pour prévenir et agir, pour que cela ne se produise plus.
Depuis janvier 2012, un Centre d’arbitrage (une structure non ecclésiale) et dix points de contact pour les victimes d’abus sexuels sur mineurs dans une relation pastorale ont été créés au sein de l’Église catholique en Belgique. À partir de cette année, les dix points de contact ont été remplacés par deux points de contact. L’un pour les diocèses et congrégations francophones et l’autre pour les diocèses et congrégations néerlandophones. Le but de ces points de contacts est de recueillir les différents témoignages des victimes, de leur donner un espace de parole et de les écouter. Il s’agit aussi de trouver, en concertation avec elles, des mesures de réparation adéquates lorsqu’il y a prescription, c’est-à-dire lorsque les faits sont trop anciens pour être jugés par les tribunaux civils.
L’Eglise de Belgique s’est également engagée à communiquer régulièrement aux médias et à la société sur les problèmes signalés. L’objectif est la poursuite d’une politique transparente, où rien n’est occulté et une invitation aux victimes du passé, qui souffrent encore en silence, à se manifester. Ci-dessous vous trouverez leurs derniers rapports ainsi que différents documents publiés par les évêques de Belgique présentant des plans d’actions ou codes de conduites.
Et les jeunes dans tout ça ?
En tant qu’animateurs de jeunes, nous sommes tous appelés à écouter et accompagner ces jeunes et leurs familles ainsi que tout ce que la révélation de ces drames va susciter chez eux, mais aussi chez nous !
En tant que service vicarial de la Pastorale des Jeunes nous voulions vous dire que nous sommes là pour vous soutenir, vous écouter, vous accompagner dans vos questions, vos détresses et votre impuissance face à la réaction des jeunes.
Pour faire face à tout cela, nous voulions vous partager ces quelques réflexions ou pistes concrètes :
- Tout d’abord, nous vous invitons à pouvoir accueillir les émotions, les réactions que cela peut susciter chez vous, chez les jeunes ou leurs familles. Mettre des mots sur ce que l’on vit et ressent peut souvent être d’une grande aide. C’est pourquoi, il est important de pouvoir être à l’écoute et de savoir se taire… et accueillir en toute humilité sans tenter d’argumenter, d’expliquer, …sans savoir ce qu’il faut répondre.
- La prière personnelle mais aussi vécue en groupe peut être une grande source de soutien ! Qui mieux que Dieu lui-même peut accueillir ces souffrances et notre impuissance face à elles.
Lorsque ces questions se posent, n’hésitez pas à proposer, après le temps d’écoute, un temps de prière pour pouvoir déposer tout cela. Et pourquoi pas de manière très concrète en se mettant tous autour de la croix pour y déposer ce qui est difficile, souffrances, colères, incompréhensions, doutes… dans l’Espérance que la croix du Christ ne peut se vivre qu’avec la Résurrection ! Pourquoi ne pas organiser en paroisse ou au sein du groupe un temps de prière où tout ce que nous portons peut-être déposé ?
- Organiser une animation pour permettre aux jeunes de s’exprimer. Pour ce faire, quelques pistes sont proposées dans le dossier réalisé par le Service diocésain des Jeunes de Liège.
Notre service est à votre disposition pour réfléchir, créer ou animer de telles animations.
- N’hésitez pas à faire appel à des professionnels si vous sentez que c’est nécessaire.
- Ne vous invitons également à être attentif aux jeunes qui vous sont confiés et à leur rappeler, comme l’ont fait les évêques dans leur dernier rapport, que
« toute personne, quel que soit son âge, victime, récemment ou dans le passé, d’abus sexuel ou de comportement transgressif dans une relation pastorale, peut s’adresser au point de contact unique. Cette possibilité s’applique également à ceux qui ont été témoins, abuseurs ou soupçonnés d’abus sexuels ou de comportements transgressifs dans une relation pastorale.
Toute personne qui a connaissance ou un soupçon raisonnable de tels faits peut aussi s’adresser au point de contact. La plainte peut porter sur des faits, des comportements ou des déclarations répréhensibles, ainsi que sur la manière dont les responsables ecclésiaux les ont traités. Il peut s’agir de faits prescrits ou non. Cela peut aussi concerner des faits dont la victime ou l’abuseur est déjà décédé.
Nous conseillons aux victimes qui n’ont pas encore été reconnues de se manifester. Certaines choisissent parfois de se taire très longtemps afin de survivre ou de ne pas alourdir leurs relations. Mais le silence peut devenir dévastateur quand il refoule ce qui doit être révélé en vue d’une reconstruction et d’une possible guérison.”
- N’hésitez pas à venir rencontrer Mgr Jean Kockerols mais aussi notre service pour venir partager vos questions, vos révoltes, ou autres…
Pour compléter, les rapports et documents publiés en Belgique
- Abus sexuels sur mineurs dans l’Eglise catholique en Belgique 2020 – Rapport : https://www.cathobel.be/2021/09/abus-sexuels-sur-mineurs-dans-leglise-catholique-en-belgique-2020-rapport/
- « Abus sexuels de mineurs dans une relation pastorale dans l’Église de Belgique. Vers une politique cohérente », Rapport des Évêques et des Supérieurs majeurs de Belgique, 12 février 2019 https://www.kerknet.be/sites/default/files/19%2002%2012%20Rapport%20Abus%20sexuels%20de%20mineurs.pdf
- « Du tabou à la prévention – Code de conduite en vue de la prévention d’abus sexuels et de comportements transgressifs dans les relations pastorales avec les enfants et les jeunes », La Commission Interdiocésaine pour la Protection des Enfants et des Jeunes, 2 juin 2014 https://www.cathobel.be/wp-content/uploads/2016/02/Brochure-Du-Tabou-a-la-Prevention-F.pdf
- « Une souffrance cachée – Pour une approche globale des abus sexuels dans l’Église » Une brochure des évêques et des supérieurs majeurs de Belgique, Janvier 2012. http://www.cathobel.be/wp-content/uploads/2016/02/12-02-15-Souffrance-cachee-correction.pdf
En union de prière et avec tout notre soutien,
L’équipe de la pastorale des Jeunes de Bruxelles.