Un géant de la pastorale des jeunes nous a quitté

Ce 5 mars, nous avons appris le décès de l’abbé Joseph Cassart que la plupart appelait « L’abbé ». Peut-être que beaucoup de jeunes et même quelques uns de leurs animateurs ne savent pas ce que notre service, notre diocèse et même notre pays doit à Joseph dans le cadre de la pastorale des jeunes.

Né à Seny, le 2 août 1938, ordonné prêtre le 8 juillet 1962, Joseph Cassart a été vicaire à Loncin, aumônier régional de la JEC (Jeunesse étudiante chrétienne), puis du CRJC (l’actuel Service Diocésain des Jeunes) de 1969 à 1977; avant d’être recteur du Sanctuaire de Banneux de 1994 à 2008. Il a été président du Grand Séminaire de Liège de 1982 à 1994.

Au moment de son décès, il était prêtre auxiliaire dans l’Unité pastorale « Notre-Dame des Sources Chaudfontaine-Trooz». Comme le dit l’abbé Borras, le vicaire général de notre diocèse, l’abbé Cassart « a marqué des centaines sinon des milliers de jeunes, dans les années 60 et 70, par son engagement dans les mouvements de jeunes, en particulier là où il a été vicaire, mais aussi plus largement dans les régionales scoutes et autres, et surtout dans la JEC (au temps où elle s’appelait encore «Jeunesse Etudiante Chrétienne»). Il a été le fondateur du CRJC, comme plateforme des mouvements de jeunes et comme instrument à leur service ». En effet, aujourd’hui, ça nous semble aller de soi et peut-être que nous ne nous en rendons pas compte, mais l’abbé Cassart a en quelque sorte initié ce que nous pouvons appeler une « Pastorale des Jeunes ».

Une pastorale structurée

En tant que vicaire, puis comme présence dans les régionales et aumônier de la JEC, l’abbé Cassart a été un prophète de la pastorale des jeunes d’aujourd’hui ! Un prêtre engagé auprès des mouvements de jeunesse et des étudiants. Mais, surtout, c’est lui qui est à l’origine du premier Service Diocésain des Jeunes, le CRJC qui était avant tout une plateforme d’animateurs de jeunes destinée à les former, leur fournir des outils et les accompagner dans leur mission auprès des jeunes. Le CRJC est, si je ne me trompe pas, le premier service de jeunes de notre pays ! Le SDJ, service actuel garde une tradition en lien avec celui d’origine, la production d’outils d’animation. Le fait que le service de Liège se spécialise dans la production d’outils pour le monde des jeunes est à l’initiative de l’abbé Cassart. La volonté de réunir des animateurs du diocèse, de proposer des événements comme le Rassemblement Diocésain (appelé anciennement Marche de Carême puis Marche des Jeunes), le souhait d’avoir une pastorale des jeunes locale active et dynamique au niveau des UP n’a rien de nouveau, ce sont des intuitions de Joseph !

Une pastorale vocationnelle

L’abbé Cassart a œuvré aussi dans le Service National des Vocations et a été président du séminaire pendant plusieurs années. Beaucoup de consacrés de notre pays lui doivent beaucoup, plusieurs prêtres de notre diocèse sont de sa génération ! Mais quand nous parlons d’une pastorale vocationnelle, nous ne voulons pas nous limiter aux vocations sacerdotales ou pour les religieux et religieuses. Beaucoup de témoins disent qu’il était proche des jeunes, disponible, toujours à l’écoute et prêt à éveiller en eux cette capacité qu’ont les jeunes de répondre à un appel profond d’une vie joyeuse, profonde, harmonieuse et épanouie. Comme le disait dans un témoignage Madame Anne-Marie Limme, l’actuelle secrétaire de l’évêque qui a très bien connu et travaillé avec lui, « Beaucoup de jeunes l’appelaient, et chaque fois dans son agenda très surchargé, il leur a trouvé une place, ils les écoutaient et ces jeunes arrivaient à l’envers et retournaient à l’endroit ». Oui, l’abbé Cassart suscitait et encourageait des vocations à la vie, au bonheur que ce soit dans la vie de couple ou dans l’engagement comme religieux(se) ou prêtre.

Un engagement auprès des jeunes jusqu’au bout

Même âgé, l’abbé Cassart, alias « Sanglier Binamé » (son totem scout) n’a jamais quitté les jeunes. Dans l’Unité Pastorale de Chaudfontaine-Trooz, il a toujours été en contact avec les jeunes. Il avait accueilli le MEJ (Mouvement Eucharistique des Jeunes) chez lui dans le presbytère de Ninane et chaque fois que je le rencontrais il prenait du temps pour écouter, sans s’imposer, donner quelques conseils et éclairages. Je me rappelle comme si c’était hier des paroles qu’il avait prononcées lors d’une réunion pour la pastorale des jeunes dans le doyenné de Liège-Rive Droite, avec clairvoyance, au courant de l’actualité, il a su rappeler à toutes les personnes qui étaient là, la pertinence d’une pastorale des jeunes d’aujourd’hui ! Ce jour-là, j’ai appris ! Fidèle auditeur de la Radio RCF et de l’émission du SDJ, Génération 2.0., il me disait avec malice que si des personnes décident de se brancher sur RCF et pas RTL c’est qu’ils ne veulent pas du bruit avec des émissions comme les ‘Grosses têtes’, mais ils cherchent du fond et du contenu ».

Je terminerais en disant « Au revoir Mr l’abbé, Adieu Joseph, la pastorale des jeunes de notre diocèse vous doit beaucoup et, là où vous êtes, continuez à accompagner et soutenir des jeunes et à leur révéler à quoi ils sont appelés. »

Eric Ndeze